Lost lui a sauvé la vie
Star incontournable de la série américaine Lost, Josh Holloway, 37 ans, a toutes les raisons de se réjouir. Longtemps désespéré et sans le sou, le voilà aujourd'hui riche et célèbre. Ce rêve, il le doit à l'odieux Sawyer, un personnage pour qui il a une profonde affection.
Comment as-tu décroché un rôle dans Lost ?
Une telle rage m'animait lorsque que je me suis présenté aux auditions. ça faisait huit ans que je frappait à la porte de tous les studios, huit ans que je n'arrivais à rien de bon. Quelques petits rôles dans des productions indépendantes m'avaient jusque là permis de gagner de quoi survivre... A vrai dire, ce jour-là, je m'étais donné une ultime chance de continuer le métier d'acteur. Faute de quoi, j'aurais tenté une reconversion dans l'immobilier. Je me suis donc préseté au casting empli de toute cette colère, l'amertume crispait mon visage... J'étais le candidat idéal pour donner vie à Sawyer, héros solitaire qui en veut à la terre entière.
D'où viens-tu ?
Je suis né en Californie (ndlr : Joshua Lee Holloway, de son vrai nom, est né le 20 juillet 1969) mais j'ai grandi dans le sud des Etats-Unis, dans une bourgade des montagnes de Georgie. Petit déjà, le cinéma me faisait rêver. Là où je vivais, il n'y avait rien, les films étaient donc ma seule ouverture sur le monde. Mon premier job d'adolescent consistait à évacuer les poulets morts d'une ferme ! Je voulais m'échapper de cette vie à tout prix... A 18 ans, je suis donc parti à New York pour y exercer l'activité de mannequin.
Quelle est ta vision du personnage de Sawyer ?
Sawyer vit en égoïste. Sur l'île, il se moque éperdument de ce qui peut arriver aux autres, excepté à Kate (ndlr : interprêtée par Evangeline Lilly), dont il est secrètement amoureux. La méchanceté l'anime, même si au fond, il est sensible. Mais il lutte pour ne pas dévoiler cet aspect de sa personnalité. Il y a notamment une courte séquence de la série très révélatrice, où Sawyer s'attendrit devant une petite grenouille. Surpris par Hurley dans son élan d'affection, il la tue aussitôt. Sawyer refuse de montrer le moindre signe de vulnérabilité.
Est-ce plaisant de se glisser dans la peau d'un "méchant" ?
Jouer les canailles est assez jubilatoire. A cet égard, j'ai supplié les créateurs de la série, J.J. Abrams, Damon Lindelof et Carlton Cuse, de ne surtout rien changer à la personnalité de Sawyer. S'ils le rendaient plus gentil, le rôle perdrait tout son intérêt.
Comment réagirais-tu si ton personnage devait bientôt disparaître ?
Pendant la première saison de la série, je me sentais à l'abri car j'étais convaincu que les producteurs ne pouvaient pas éliminer des héros comme Jack, Kate ou Sawyer. Mais j'ai vite changé d'avis après la disparition d'Ana-Lucia, personnage clé de la deuxième saison qui meurt en cours de route... En fait, le production peut décider de supprimer n'importe lequel d'entre-nous ! Avec les autres comédiens, on s'interroge, on essaie de détecter des signes, car nul ne sait quel sera le prochain sur la liste.
Vous n'avez vraiment aucune idée de l'évolution du scénario...
Sincèrement, non. Aucun des comédiens n'est informé du devenir des personnages, pas même du sien ! Parfois, j'ai l'impression de travailler pour la CIA [rires]... On reçoit en général le script trois jours seulement avant le tournage. Il nous arrive même de tourner des scènes de quatre épisodes différents dans la même journée, sans en connaître l'ordre. Il y a de quoi être désorienté !
Quelle est ta théorie sur le mystère de Lost ?
Au début de l'aventure, je bombardais les créateurs de questions. Je voulais à tout prix savoir ce qu'ils avaient en tête. Mais dès que je croyais avoir trouvé la solution, un épisode venait aussitôt démentir mes hypothèses. Lost reste une véritable énigme, y compris pour les acteurs de la série. Je reste toutefois convaincu que les héros sont les cobayes d'une sombre expérience scientifique...
Quels rêves le succès de la série t'a-t-il permis de réaliser ?
Mon rôle dans Lost rachète toutes mes années de galère. Je ne me lève plus le matin avec l'idée d'avoir gâché ma vie. Je peux enfin être fier de moi et de ce que je fais. je peux offrir à ma femme (ndlr : Yessica Kumula, une Indonésienne épousée en octobre 2004) une vie de rêve, à Hawaï pendant le tournage, et à Los Angeles le reste du temps. Je goûte au bonheur tout simplement. Qu'espérer de plus ?
Source : Idoles n°2 Août/Septembre 2006
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